UNE GRANDE TOILE SUR LE MUR
Une grande toile sur le mur.
Difficile, impénétrable.
Chaos, destruction, effacement, épuisement.
Déception. Séparation.
Nuit tendue.
Autre jour.
La grande toile sur le mur de l’atelier.
L’énergie, la rage, la foudre, le défi frontal, brutal.
Temps noir dans le temps, rouge sans feu.
Déchirure, ouverture, les doigts se décrispent,
le pinceau glisse.
Les couleurs pénètrent,
les formes parlent.
Soif.
Nuit sans sommeil, matelas sans plume, lune brillante.
Dans la pénombre,
glisser vers l’atelier.
Regarder encore, voir de plus près, de biais.
Aller et venir, surprendre l’invisible.
Jour sans appétit, nourri d’interrogations.
L’atelier est clair, calme, le temps est suspendu.
La grande toile sur le mur attend
le face-à-face crucial.
Aspiration vibrante, jusqu’au contact.
Forme couleur implosée.
Couleur forme explosée.
Enfin, l’œuvre respire.
Mon tableau est là.
Quelques heures encore.
Demi-tour. Eloignement. Dispersion.
Vertiges.
C’est fini, lui et moi.
Il ne m’intéresse plus.
Maintenant, sortir de l’atelier,
se décaler sur d’autres orbites.
Marcher. Rejeter les pensées. Marcher.
Bleue Roy. 2018